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Tours : éclats de rire en rafale à l’Ehpad de l’Ermitage

Le photographe David Ken a posé son studio portatif pour capturer les rires des patients et soignants de l’Ehpad L’Ermitage à Tours dans le cadre de son projet participatif “ LOL Project ”.

On entend des « oui ! », des « non ! », des cris et des rires, derrière la porte à battant dont les fenêtres ont été masquées par un amas de feuilles blanches. Quand elle en sort, poussée sur son fauteuil roulant, Marie-Thérèse a les rides d’expression qui irradient. Quelques minutes plus tôt, elle acceptait « un coup de peigne » du bout des lèvres. Le rire de cette patiente de l’Ehpad L’Ermitage, est sans doute le 18.900e saisi par le photographe David Ken depuis qu’il s’est lancé dans le projet participatif « Lol Project », en 2009. Vendredi 21 juin, cet habitué des plateaux de mode et de publicité a fait défiler une cinquantaine de pensionnaires, soignants et médecins de cette antenne du CHU de Tours dans son studio portatif, à l’invitation du Fonds de dotation du CHU.
“ On a besoin de ces moments de lâcher prise ”« Je suis impatiente de voir tous ces rires affichés dans le hall pour que tout le monde voit que la personne âgée n’est pas que tristesse et fin de vie », sourit le Dr Véronique Dardaine-Giraud, chef de ce service pour personnes âgées dépendantes. Derrière les hauts murs, le quotidien peut s’enfoncer dans la grisaille. « Certains sont au fond du trou, constate la médecin. On a tous besoin de ces moments de détente et de lâcher prise. » Les éclats de rire provoqués par David Ken sont « un bonheur », commente-t-elle. Pourtant, malgré ses dix ans de pratique dans divers établissements hospitaliers, le photographe est arrivé avec retenue. « Venir avec la promesse de faire passer un bon moment à des gens qui ne vont pas bien, c’est une grosse responsabilité », souligne-t-il. Une gageure lorsque le sujet est une personne âgée dépendante. Sa seule condition était de pouvoir « diriger et stimuler la personne ». Cash et taquin, joueur et toujours bienveillant, David Ken aiguillonne les volontaires sans relâche. « Il n’y a pas de handicapés du rire », en ressort-il hilare à l’issue d’une matinée de poses.
Sur les clichés, les dents se découvrent, les regards se plissent ; tête contre tête, Annie et Marion explosent de rire. Nelly rayonne, Michel se marre. « Oh, c’est moi ça ! » s’esbaudit Marie-Thérèse. « Ce que je fais, c’est l’anti-selfie, le moment de lâcher prise : je ne cherche pas le plus beau, mais le plus vrai »analyse le photographe.
Avec les deux polaroïds offerts à chaque modèle, il offre un petit bout de ce « bon moment » passé entre deux soins. « Quand on le capte sur une image fixe, on peut se rappeler qu’on a passé un bon moment, mais aussi le revoir, et le partager », soutient David Ken. Et lui ajoute une brique à « la plus grande galerie d’éclats de rire du monde ».

Mariella ESVANT, Journaliste, rédaction de Tours